Pourquoi n’y a-t-il pas de baisse significative de la consommation d’énergie dans le résidentiel ?
Posté le 06/02/2024
Pourquoi n’y a-t-il pas de baisse significative de la consommation d’énergie dans le secteur du résidentiel, malgré tous nos efforts ?
C’est en consultant les consommations d’énergies dans le secteur du résidentiel que j’ai constaté qu’elles n’avaient pas évoluées, à la baisse, depuis les années 90.
Les consommations d’énergies
Les courbes présentées sont issues du site du gouvernement :
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energie-2021/partie2-production-consommation-energie-france-et-monde
Le détail des consommations du résidentiel n’est fourni que depuis l’année 2000, mais par extrapolation des courbes issues des consommations des secteurs résidentiels et tertiaires, on peut voir que l’évolution de la consommation est assez stable depuis 1990.
Le constat
En 12 ans d’expérience dans le secteur de l’énergie, je n’ai pu que constater que, malgré l’évolution des normes, toujours plus contraignantes, avec des équipements toujours plus performants, les niveaux de consommations sont toujours aussi élevés. Je me suis donc penché sur la question avec un autre angle d’attaque.
Afin d’être complet, j’ai observé en parallèle de l’aspect de la performance, les facteurs démographiques : accroissement de la population, évolution du nombre de logements, et des surfaces habitables et enfin j’ai intégré l’aspect des changements de pratique.
La performance
Le bâtiment :
Depuis 1974, de nombreuses règlementations sont venues imposer des performances toujours plus strictes.
Source CEGIBAT
Depuis ces années, l’évolution est colossale, avant 1974 les logements consommaient 300 kWh/m²/an pour le chauffage, aujourd’hui nous construisons « sur le papier » autour de 25 kWh/m²/an, voire moins. On a donc, à priori, divisé par 10 les consommations sur ce poste. Cela est possible grâce à la performance des logements (le bâti) et des équipements (les systèmes) toujours plus performants.
Les équipements :
Voici quelques exemples d’équipements qui ont considérablement évolués :
- Ampoule LED de 7 W vs les 70 à 100W des ampoules à incandescence.
- Pompe à chaleur à minimum 2 fois plus performante que les radiateurs électriques.
- Chaudière condensation vs chaudière traditionnelle 10 % plus performante.
- Télé, frigo, électroménager de moins en moins énergivore.
- Les robinetteries avec des débits de 12 l/min contre du 20 l/min.
- Les thermostats de régulation.
Conclusion sur la performance
Globalement à ce niveau, spécifiquement pour le résidentiel, aucun équipement n’est devenu moins performant qu’avant. Au contraire, les performances ont été quasiment multipliées par 10 pour certains (isolation et éclairage) et par 2 pour une bonne partie de nos équipements et si on ajoute les évolutions comme les thermostats, leurs impacts sur la consommation devraient être significatifs.
Les facteurs d’accroissement
Nota : L’ensemble des chiffres sont issus de l’INSEE, ils ont été mis en forme sous forme de graphique.
La population a augmenté de 15 % passant de 54.9 M en 1984 à 64.7 M de personnes en 2018.
Le nombre de logements a augmenté de 33 % passant de 23.7 M à 35.3 M de logements en 34 années. Cela montre que plus de 33% des logements en 2018 ont été construits sous une règlementation thermique. A cela on doit ajouter les logements qui sont rénovés chaque année.
Le nombre de m² par habitant.
Ces chiffres sont communiqués tous les 4 ans depuis 1984.
La surface par habitant est passé de 30.7 m² en 1984 à 40.3 en 2013 soit une augmentation de de 24 %.
Conclusion sur les facteurs d’accroissement
En prenant en considération l’augmentation de la population et de la surface par habitant, la surface habitable française a augmenté entre 1984 et 2013 de 34% passant de 1 685 Millions de m² à 2 567 Millions de m² et en extrapolant jusqu’en 2018 nous pouvons dire 2 600 Millions de m².
La surface habitable qui croit, augmente le nombre de m² à chauffer mais aussi à rafraichir, à éclairer et l’accroissement de la population fait augmenter les besoins individuels d’eau chaude par exemple. Ces facteurs font croitre petit à petit, nos besoins énergétiques, bien souvent sans que nous nous en rendions compte.
Changement des pratiques
En plus des facteurs précédents, certaines pratiques, conceptions et usages font augmenter les consommations, voici quelques exemples.
· Là ou avant il y avait une seule ampoule de 70 Watts nous retrouvons souvent une multitude de spot Led mettant à l’équilibre la consommation avant / après alors que les équipements sont nettement plus performants.
· Là ou avant il y avait un seul téléphone par foyer, on peut presque compter un téléphone mobile par membre du foyer et ajouter tablettes et ordinateur…
· Augmentation du nombre d’appareils électroménager, d’après une étude du figaro, en moyenne, nous avons 99 appareils de ce type dans nos logements,
Le nombre de piscines individuelles qui a doublé en 17 ans. (Équipements que nous pouvons qualifier d’énergivores). (Tableau source FFP)
Conclusion
Entre 1984 et 2018, soit en 34 années, les performances du bâtiment et des équipements ont permis de contrer l’augmentation de 13 % de la population et de 34% de la surface chauffée, de nos changements de modes de vie (piscine, téléphone etc…) et donc des besoins qui en découlent...
Je vais rester sur ce constat et ne pas conclure. Ce document n’a pas pour but d’être exhaustif sur le sujet bien au contraire, il est issu des recherches que j’ai réalisées et compilées pour faire le constat suivant :
L’énergie consommée dans le résidentiel est belle et bien issue des usages et des besoins des particuliers. Malgré les efforts des technologies, la compensation est tout juste à l’équilibre.
Si nous souhaitons inverser la courbe, nous devons commencer par nous questionner sur nos pratiques personnelles (surfaces, températures de chauffage, équipements électriques…) et cela commence par se rendre compte de nos évolutions de besoin toujours croissante.
J’espère que cet article aura éveiller quelque chose en vous.