Une Histoire de pied froid
Comme beaucoup, Monique aime remettre de temps en temps sa maison au goût du jour. Ce début d’été, elle a entrepris de réaliser des travaux d’embellissement plutôt que simplement décoratif comme elle aime à le faire. Précisons que Monique était bien dans sa maison, pas d’inconfort thermique, une consommation somme toute raisonnable. N’ayant pas d’inconfort ni de problématique financière liée à sa consommation, elle n’est pas intervenue sur l’enveloppe de sa maison (isolation, menuiseries …) et car elle ne voulait pas modifier ce confort.
Monique était bien tout l’été dans sa maison rénovée, MAIS voilà, l’hiver arrive avec sa fraicheur et avec celle-ci notre besoin de confort change et ce, à juste titre. Monique trouve que quelque chose a changé, un inconfort, un vrai, un froid venant des pieds et qui remonte le long des jambes. Vous savez, celui qui vous glace le sang et qui vous empêche de vous réchauffer. Alors Monique m’a contacté pour l’aider à résoudre ce problème.
Qui est Monique ?
Monique j’ai appris à la connaitre, car lorsque je parle de confort je parle d’une personne car le confort est propre à chacun. Donc Monique à 62 ans et à cet âge-là on est attaché à nos habitudes. En terme d’habitude, elle en a une. C’est de marcher pieds nus dès qu’elle le peut. (À l’intérieur, à l’extérieur, d’ailleurs cette méthode à un nom de nos jours, le Earthing, je ne vais pas m’étendre sur ce sujet ici mais vous pouvez vous renseigner).
Les travaux
Il est temps de lever le suspense sur ce changement, sur ces travaux qui ont changé ce confort si agréable et chère à Monique.
Ce sont des travaux assez courants, alors tenez-vous bien car c’est le type de travaux que beaucoup de personnes peuvent faire sans se poser de question.
Elle a remplacé son parquet en bois massif par… par… par un carrelage. Un carrelage magnifique certes, mais qui lui gèle les pieds.
Bien qu’elle ait l’habitude des différences de ressenti grâce à sa pratique, elle n’avait pas anticipé le fait d’avoir un tel changement dans sa propre maison puisqu’elle est chauffée et bien isolée.
La quête de Monique :
Monique, elle a fait appel à moi car elle voulait comprendre avant d’agir et ça tombe bien, j’aime bien ça moi, expliquer, comprendre pour ensuite agir.
J’allais donc aider Monique dans ses recherches pour découvrir avec elle le phénomène qui se joue sous ses pieds.
Me voilà donc parti dans les traces de Monique.
Première piste : L’isolation :
Tout d’abord, bien qu’elle n’ait rien changé de son isolation, c’est quand même la première chose qu’on a regardé, comme un point de départ, car quand on parle de froid on parle souvent d’isolation, d’ailleurs on ne vous parle que de ça dans les médias, isolation, isolation, et enfin la magie de l’isolation...
Alors la question est : Est-ce que ce changement de revêtement a un impact sur le niveau d’isolation ?
La réponse est non. Le calcul n’a rien donné de probant mais Monique à trouver un début de réponse, une histoire de Lambda, un fameux coefficient de transmission thermique (c’est ce qui caractérise la performance d’isolation d’un matériau, oui quand même il y a un lien). Avec Monique, on se dit que ce truc-là, doit jouer un rôle dans son problème.
Bien souvent on parle de la température pour exprimer un ressenti chaud ou froid, mais ici les 2 matériaux sont à la même température ? alors quel est ce phénomène ?
Changement de cap : diffusion :
Monique, tout comme Archimède dans son bain, à force de vivre cet inconfort c’est rendu compte que son problème était différent lorsqu’elle marchait que lorsqu’elle ne bougeait pas.
Lorsqu’elle ne bouge pas le phénomène s’atténue rapidement, donc il y a une notion de propagation, de diffusion et aussi de temporalité. Ce mot diffusion a raisonné chez Monique quand je lui ai évoqué alors elle s’est penchée sur cette notion.
Première recherche : la définition.
Elle a trouvé celle-ci sur le site de passivact :
« L'inertie par transmission est caractérisée par la diffusivité Cette grandeur détermine la vitesse à laquelle un matériau est susceptible de transmettre la chaleur d'une face à l'autre d'une même paroi, en régime de température variable ».
Je l’ai aidé à décortiquer un peu cette définition par rapport à son problème. Nous voyons tout de suite que le phénomène de la diffusivité ne correspond pas à ce qu’elle cherche. Ici, il est question de température d’une face à l’autre alors que nous c’est sur la même face. Cependant on se rapproche puisqu’il y a le phénomène de temporalité qui intervient car on parle de régime variable c’est-à-dire que les conditions ne sont pas figées.
Alors Monique, je l’ai aidé et nous sommes repartis en quête de réponse.
On touche au but
A force de chercher, on finit par trouver.
Voyons ce qu’il se passe réellement. Pourquoi à la même température de surface de ces 2 matériaux, Monique a plus froid au pied avec le carrelage ?
Le phénomène est ……. est …. L’EFFUSIVITE dont la définition sur le site passivact est : « Cette grandeur détermine la capacité d’un matériau à stocker ou déstocker rapidement une grande quantité d’énergie thermique en régime de température variable. »
Plus E est élevé, plus le matériau à une capacité à stocker ou déstocker rapidement.
L’effusivité s’exprime par la formule :
Avec :
λ = coefficient de transmission de chaleur en (W.m-1.K-1)
ρ = la masse volumique en (kg.m-3).
c = la capacité thermique massique du matériau (en J.kg−1.K−1)
E = effusivité thermique en J.K−1.m−2.s−1/2. Alternativement, elle peut être exprimée en W.K−1.m−2.s1/2
C’est un petit peu barbare comme formule.
Pour vulgariser, plus un matériau est lourd (ρ ), a une capacité d’emmagasiner de l’énergie dans sa masse (c) et est conducteur (λ), plus il est effusif.
λ (W.m-1.K-1)
ρ = masse vol. (kg.m-3).
c = capacité thermique massique (en J.kg−1.K−1)
E = effusivité thermique en J.K−1.m−2.s−1/2.
Le carrelage est donc 3 fois plus effusif que le parquet. Ok mais ça ne nous dit pas encore pourquoi Monique ressent le froid et pour ça nous allons calculer la température ressentie au contact de ces 2 matériaux en prenant la température de la peau des pieds à 32 °C, celle de la surface (bois ou carrelage à 20°C) et l’effusivité de la peau à 1 200 :
La formule est la suivante :
Grâce au mathématique, l’explication est claire, à température de 20°C du sol, le carrelage donne un ressentie à 25.2 °C et le parquet à 29.1. On double l’écart avec la température de la peau.
Après la compréhension, l’action :
C’est bien beau tout ça, mais dans le monde réel, Monique elle fait quoi ?
Maintenant que la problématique est claire, j’ai aidé Monique à envisager des nouvelles solutions.
Déjà, elle ne va pas rechanger son carrelage par du parquet, donc cette possibilité, bien qu’elle existe, Nous l’avons écartée.
Différentes solutions s’offrent à elle sans priorité.
1/ L’utilisation d’un tapis pour continuer à marcher pieds nus dans les lieux un ou cela lui pose le plus de problème, sous la table à manger par exemple.
2 /Utilisation de charentaise si chères dans la communauté des designers énergétique pour corriger le problème le temps de la saison.
3 / L’utilisation de chaussure de earthing qui n’ont pas de semelle comme des chaussure classique pour qu’elle garde sa pratique qui lui est chère sans avoir l’inconvénient total sur le ressenti.
Ces 3 premières solutions sont 3 actions différentes qui viennent directement contrer le changement créé par le carrelage.
4 / Autre solution, moins immédiate, plus engageante, s’accommoder et transformer avec le temps cet inconfort car le corps est une formidable machine d’adaptation, si tant est qu’on lui donne l’opportunité de le faire. Cela nécessite de l’acceptation, du lâcher prise pour donner au corps le moyen de s’adapter, si on lutte, il ne s’adapte pas…
A la fin de notre rendez-vous, Monique est repartie satisfaite puisqu’elle a à sa disposition, différentes solutions qu’elle va pouvoir mixer afin d’atteindre son confort. Sans la compréhension du phénomène, elle ne serait pas capable de faire un choix très éclairé, donc la phase de compréhension est une phase très importante.
Monique, elle a quand même une bonne nouvelle dans cette histoire.
Elle a compris pourquoi cet été elle avait moins ressenti la chaleur chez elle. C’est qu’elle se refroidissait plus par les pieds. Et par les temps qui court, c’est une vraie bonne nouvelle !!!